S comme St GOUSTAN et ses FÊTES
FÊTES
Avant d’évoquer quelques fêtes traditionnelles de SAINT-GOUSTAN, dont j’ai entendu parler par les membres de ma famille maternelle habitant AURAY et ses environs, un bref aperçu historique et géographique s’impose :
AURAY et SAINT-GOUSTAN, deux cités que tout semble opposer : la géographie, la population, les activités économiques, l’organisation sociale : d’un côté la ville haute , bâtie sur un promontoire de la rive droite du Loch, de l’autre, le bas-quartier sur la rive gauche, enserré dans un méandre de la rivière ; d’un côté, une population de petits bourgeois, de commerçants, d’artisans, d’ouvriers, regroupés autour de l’église Saint-Gildas et du château, de l’autre, un peuple de marins et de pêcheurs.
D’ailleurs, le port d’Auray porte le nom de Saint Goustan, patron des marins et des pêcheurs. Jusqu’au 19ème siècle, c’était un port très actif, le commerce de grains et de vin étant l’activité principale.
Le site de Saint-Goustan fut certainement choisi pour son intérêt naturel : à cet endroit, la rivière du Loch devient navigable, des vasières isolent la butte qui, dans une des courbes les plus accentuées de la ria, forme une véritable place forte facilement défendable.
Sur l’autre rive, ce qu’on appelle aujourd’hui le Loch, constitue une motte naturellement propice à l’édification d’une citadelle.
Entre le promontoire où s’est élevée la ville d’Auray et la butte de Saint-Goustan, le cours de la rivière se rétrécit et l’endroit se prête à la construction d’un pont qui rejoint les deux cités, mais qui séparait les « bigorneaux » des « macarons » comme on les appelait alors. La rivalité entre les deux cités remontait au temps de la monarchie où les Goustanais étaient exempts d’impôts (la raison de cette exemption a été oubliée).
C’est là que passe la route Nantes-Quimper qui emprunte une partie du tracé de l’antique voie romaine, et Auray est également le passage obligé pour Baud et Locminé, ce qui constitue une ouverture capitale pour le commerce.
A l’heure actuelle, pour les touristes qui visitent la Bretagne sud, Saint-Goustan représente un passage obligé. Le petit port forme à lui seul un véritable théâtre, à l’activité commerciale permanente.
De nombreux membres de ma famille maternelle ont vécu ou vivent encore à Auray. Je me souviens particulièrement d’une nièce de mon grand-père, cousine germaine de ma mère : Bernadette GUYONVARCH (1904-1986) qui était cabaretière à Auray. Elle tenait son commerce d’une main de fer et il ne fallait pas lui chercher querelle, elle avait du répondant !
Les Goustanais, jusqu’à la fin du 19ème siècle, étaient de joyeux compères et les occasions de faire la fête ne manquaient pas.
LES POTS CASSES :
Le dimanche de la Quasimodo suit celui de Pâques.
A la Quasimodo, on cassait les pots !
Mais si cette ancienne coutume utilise une date du calendrier religieux, la fête en elle-même n’a rien de religieux. Il s’agit d’une tradition répandue depuis très longtemps en Bretagne.
A Saint-Goustan, il s’agissait d’abord de rassembler un nombre aussi important que possible de récipients en terre de toutes sortes, de toutes formes, de toutes grosseurs pourvu qu’ils soient inutilisables : plats, marmites, bols, assiettes, pots à lait ébréchés, fendus, pots à oreilles, et d’y ajouter tous ceux qu’on pouvait trouver dans les décharges.
Le jour de la fête, les jeunes se disposaient en cercle à une distance de quelques mètres les uns des autres, et se lançaient ces différents récipients en veillant à ne pas les laisser tomber (et autant que possible à ne pas se blesser). On appelait cela, ici, la « cachipote ».
Une sanction punissait les maladroits : on les saisissait par les poignets et les chevilles et on les laissait tomber sur les débris qu’on avait mis en tas.
D’après Fañch Postic qui a étudié cette coutume populaire ancienne, elle serait une célébration liée au changement de saison : « l’ensemble du cycle pascal est une période transitoire entre l’hiver et l’été. L’ancien calendrier celtique se divisait en deux grandes saisons, commençant respectivement au 1er Novembre et au 1er Mai ».
Il en cite un tout à fait parlant, dont la traduction en français est la suivante :
« Le dimanche de la Quasimodo,
On casse les vieux pots,
A la fête de Saint Clet
On en fabrique de nouveaux »
(Saint Clet se fête le 26 Avril).
LE CARNAVAL :
Après le défilé des chars, dont la construction était principalement le fait des Alréens qui disposaient du savoir-faire et du matériel nécessaires, le clou du spectacle était le procès du bonhomme Carnaval, imposant mannequin de 2 à 3 mètres de hauteur richement vêtu, qui était invariablement condamné à être brûlé sur l’eau. Sur un radeau sommaire, carnaval était amené au milieu de la rivière et on y mettait le feu après l’avoir truffé de pétards.
LA SAINT SAUVEUR :
La Saint-Sauveur, fêtée le dernier dimanche de septembre et durant trois jours, était l’évènement que tous attendaient avec impatience.
La fête patronale de Saint Goustan était partagée avec la ville d’Auray, qui ne possédait pas la sienne.
Avant tout, la Saint Sauveur, c’était d’abord la fête du far (le far est tellement célébré à Saint-Goustan qu’on lui a consacré une chanson, sur l’air de « la Paimpolaise »).
Tous avaient le même souci : réussir ce far dont on devait offrir un morceau aux parents et amis qui, comme chaque année, ne manquaient pas de défiler tout au long de ces trois journées de liesse.
Sa préparation requiert tous les soins possibles.
Il y a les tenants d’un far épais et moelleux, et ceux qui le préfèrent plus plat et plus sec, ceux qui le préfèrent aux pruneaux et ceux qui le préfèrent aux raisins secs.
Si la pâte joue un grand rôle dans le résultat final, la cuisson est déterminante, or on ne la maîtrise pas toujours. Tous ou à peu près l’envoient cuire chez le boulanger. Il a fallu en parler à l’avance, fixer une heure, réserver son tour. La procession est incessante dans les rues de Saint-Goustan, chacun avec son plat.
Le samedi, la clique de l’Alréenne ouvre officiellement les festivités en parcourant les principales rues de la ville. La fête foraine se tient au Loch autour des écoles. Il est difficile d’en imaginer aujourd’hui la dimension.
Des concours de boules sont organisés. Le samedi soir, un bal populaire accompagné par deux sonneurs, fait suite à une retraite aux flambeaux.
A l’origine, le dimanche, la fête officielle débutait après les vêpres, mais cette cérémonie dut être abandonnée à la suite de défaillances répétées des porteurs de bannières (qui avaient un peu trop abusé du cidre et du vin !). Le Saint Sauveur lui-même fut précipité dans la chute dont furent victimes ses porteurs, et la statue se brisa ! L’affaire fit grand bruit et l’Eglise dut admettre que la procession du Saint Sauveur n’avait plus sa place à une heure aussi avancée de la journée.
Sont également organisées des courses cyclistes et des jeux nautiques sur la rivière.
Le spectacle qui a le plus de succès, c’est la course aux canards. On lâche dans la rivière une vingtaine de canards domestiques que les nageurs doivent saisir.
Toute cette liesse donne lieu à des bordées d’invectives croustillantes.
Les trois journées se terminent par un feu d’artifice, puis un bal sous les halles.
Malheureusement, toutes ces fêtes populaires n’ont pas survécu à la vie moderne.
Sources : Saint-Goustan Port d’Auray : Jacques Guillet
Petite histoire de St Goustan port d’Auray : Sten Kidna
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