L comme LOCOAL ET MENDON : UN MARIAGE FORCE

LOCOAL-MENDON, lieu de naissance de ma grand-mère maternelle, Marie-Josèphe GUILLEVIN, le 20 Février 1883, et de nombreux membres de sa famille du côté GUILLEVIN principalement, est une commune située en avancée sur la rive gauche, la plus échancrée du bras de mer ou rivière d’Etel, qui subit les flux de l’océan. Le territoire de cette commune est limitrophe au sud de Belz, Erdeven et Ploemel, et au nord-est de Brech et Landaul.


La rivière salée d’Etel se divise en 3 branches au-dessus de Belz :

  • La branche de l’est, est la rivière de Saint-Jean en raison de la chapelle dédiée à ce saint, qui s’élève sur ses bords à l’ancien hameau de Kervarec en Locoal,

  • La branche de l’ouest est la rivière de Nostang,

  • La branche du milieu est la rivière de l’Huitrière, à cause des huitres qui jadis abondaient

à la pointe nord du village de Penninez.


La rivière de l’est ou de Saint-Jean et celle du milieu ou de l’huitrière se rejoignent pour former l’île de Locoal qui comporte le bourg du village en son centre, et deux pointes opposées : l’îlot de la Forêt au sud et le village de Penninez au nord.


Depuis la fin du 19ème siècle, l’ostréiculture constitue une ressource essentielle de Locoal.

Le village de Mendon se trouve davantage à l’intérieur des terres au nord-est de Locoal.


Locoal-Mendon Quartier de Locoal


Un rapide rappel historique s’impose.

1° - L’ancienne paroisse de Locoal :

Son nom signifie Monastère de Goal.

L’ermite Saint Goal ou Gurval, originaire de Grande-Bretagne, s’établit vers 600 dans un îlot de la rivière d’Etel où il séjourna plusieurs années avec ses disciples, et où il fut inhumé. Il y créa un monastère et une église.

Au 10ème siècle, Gurki, un des vikings qui ravageaient la région, s’installa à Locoal, se convertit au christianisme et restaura le monastère qu’il offrit aux bénédictins de Redon. Ceux-ci y établirent un important prieuré.

L’église actuelle fut reconstruite après deux incendies, l’un en 1572 provoqué par les espagnols présents en ces lieux au moment des guerres de la Ligue, puis celui accidentel de 1765.

Sous la Révolution, le territoire de la paroisse, qui s’étendait alors sur les deux rives de la rivière d’Etel, fut démantelé. En 1790, la partie située en pays d’Hennebont, sur la rive droite, est devenue la commune de Sainte-Hélène. La partie restante située en pays d’Auray était composée essentiellement des presqu’iles de Locoal et du Plec.

2° - L’ancienne paroisse de Mendon :

L’existence de Mendon est attestée depuis au moins 1 000 ans.

L’étymologie révèle un nom plus gaulois armoricain que breton. On aurait DON du gaulois DUNON, hauteur fortifiée. Le MEN qui précède pourrait correspondre soit au gaulois MAEN, puissant ou un terme en vieux breton MANE ou MENE colline.

Le patrimoine de ces 2 paroisses est très riche et varié. En plus de ses nombreux mégalithes, il existe plusieurs lec’hs qui seraient des points de repère pour des sépultures.

On peut aussi évoquer la beauté des paysages et les nombreux oiseaux qui les peuplent.

Mais ce n’est pas l’objet du présent article.

Ayant effectué à plusieurs reprises des recherches dans les archives paroissiales de ces deux villages pour y retrouver mes nombreux ancêtres, je me suis souvent demandé pour quelle raison Locoal et Mendon avaient été fusionnés (ce qui d’ailleurs compliquait mes recherches).

Voilà la raison : la rancune d’un homme puissant.

Pendant la Révolution, la presqu’île de Locoal, surnommée « l’île du Bonheur » était un haut lieu de la chouannerie. Elle abritait notamment des prêtres réfractaires, et elle était le lieu de résidence de la famille maternelle de Georges CADOUDAL.

En mai 1795, c’est sur la pointe de la Forest que Cadoudal se fit transporter pour soigner sa blessure à la jambe suite au coup de fusil qu’il avait reçu lors d’un affrontement à Pluvigner.

Il avait fait de ce lieu sa cachette-résidence habituelle.

C’était le poste de commandement de son quartier général.

Il y disposait d’une cache secrète près de la pointe.

Sur un talus, de grandes pierres de taille en marque l’entrée. A l’intérieur, subsiste un petit espace dans lequel on peut imaginer des chouans tapis préparant une embuscade.

On comprend aussi comment cette cache était indétectable car les marais, presqu’îles et îles, permettaient de fuir aisément le cas échéant.

Surtout, CADOUDAL n’aurait jamais pu ainsi réussir sans la sympathie, la complicité et le concours des habitants.

Les terres environnantes contenaient des cachettes voûtées pratiquées bien antérieurement par des contrebandiers dans l’épaisseur de larges talus, et des bateaux étaient toujours prêts pour assurer la retraite des chouans en cas de besoin.

C’est en 1804 que Napoléon Bonaparte décida la suppression de la commune de LOCOAL rattachée à celle de MENDON.

Il aurait pris cette décision pour punir LOCOAL d’avoir caché et soutenu son ennemi Georges CADOUDAL et les chouans, en tentant de faire oublier le nom de LOCOAL en fusionnant la commune avec MENDON. Mais il oublia qu’en cas de regroupement de communes, l’ordre alphabétique prévaut et la commune fusionnée fut donc dénommée LOCOAL-MENDON.

Fusionnées de force, les deux localités s’ignorèrent longtemps, les habitants de MENDON étant plutôt républicains et ceux de LOCOAL royalistes.

Il a fallu attendre après la seconde guerre mondiale, soit près de 150 ans, pour que les frictions s’atténuent !

P.S. après les évènements, HERMELY, chef des courriers de l’armée chouanne, lieutenant de Cadoudal, s’est retiré dans un manoir de LOCOAL, où il est mort en 1850. Son corps est inhumé dans l’enclos paroissial de LOCOAL et sur sa pierre tombale est gravée la devise des chouans de Bretagne : DOUE HA MEM BRO (Dieu et mon pays).

La cache de Cadoudal évoquée ci-dessus est visible le long d’un très beau sentier aménagé : « Le chemin de Cadoudal ».

Sources : - Mairie de Locoal-Mendon : découvrir le cadre de vie – histoire et patrimoine

  • Histoire de la paroisse : Locoal-Mendon « l’Ile du Bonheur » par l’abbé Tallec et l’abbé Herrieu (pour l’histoire complète de Locoal et Mendon)

  • Site généalogique de Christian Duic





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