E comme Esprits faibles, SAINT COLOMBAN, leur PATRON
A CARNAC, village bien connu des touristes pour ses plages et ses mégalithes, et où la plupart de mes ancêtres du côté de mon grand-père maternel sont nés, ont vécu et sont décédés, se trouve une très jolie chapelle datant de la fin du XVIème siècle, dédiée à Saint Colomban.
Saint Colomban était un moine irlandais qui, selon la légende, aurait débarqué dans la région de Carnac vers 610. C’était un grand missionnaire qui a contribué à évangéliser la Gaule. Pour une raison inconnue, Saint Colomban est invoqué pour la guérison des maladies mentales. Au fond de la chapelle qui lui est dédiée à Carnac, se trouve le « trou de l’esprit », trou circulaire d’un mètre et demi de diamètre dans lequel se trouvait une cuve servant de piscine à l’usage des pauvres d’esprit qui devaient s’y plonger.
Chapelle Saint Colomban (Carnac)
A quelques centaines de mètres de la chapelle, la fontaine Saint Colomban fait partie du même ensemble cultuel. Cette fontaine capte l’eau d’une source et elle a longtemps servi aux lavandières pour y laver leur linge et échanger les « potins » du quartier. Les eaux de cette source sont aussi réputées pour guérir la folie en invoquant Saint Colomban.
Saint Colomban était également le patron du monastère de LOCMINE, en breton Loch-Menech, le lieu des moines, et il est devenu le patron de cette petite ville située à la croisée des routes allant de Vannes à Pontivy d’un côté et de Ploërmel à Hennebont de l’autre côté, là où j’ai également des ancêtres du côté de mon grand-père paternel.
Pourquoi le lieu des moines ? C’est là que se trouvait l’abbaye de Moréac fondée vers le VIIème siècle par les moines de Saint-Gildas de Rhuys. Au début du Xème siècle, les religieux s’enfuirent devant les Normands qui brûlèrent leur abbaye. En 1008, Félix moine de Fleury (de l’ordre de Saint-Benoit-sur-Loire) fut appelé par le duc Geoffroy 1er pour relever les ruines de Saint-Gildas de Rhuys et de Locminé qui resta prieuré dépendant de la grande abbaye jusqu’en 1791.
A Locminé, se trouvent l’Eglise Saint-Sauveur et la Chapelle Saint-Colomban. Elles ont été construites à la même époque (début du XVIème siècle), sont accolées l’une à l’autre et communiquent depuis 1925, date à laquelle ces deux bâtiments ne firent plus qu’un et bénéficièrent d’une façade commune qui fût classée aux monuments historiques.
Eglise Saint Sauveur et Chapelle Saint Colomban (Locminé)
De l’église, on passe dans la chapelle Saint Colomban dont la grande verrière du chevet retrace plusieurs épisodes de la vie de son saint patron.
Les litanies du saint se trouvaient auparavant près de l’autel qui lui est dédié et que surmonte sa statue. On y lisait « Saint Colomban, patron de Locminé, priez pour nous. Puis : « Saint Colomban, secours des imbéciles, priez pour nous. Le mot latin « imbecillus » fut traduit par le peuple par le mot « imbécile » alors que le sens en latin est plutôt « faible ».
Il n’empêche qu’à Locminé, il existait dans la chapelle de Saint Colomban deux caveaux fermés par des grilles où l’on enfermait les personnes prises de folie furieuse. Elles étaient enchaînées, hommes et femmes séparés, où on les retenait pendant neuf jours afin qu’elles guérissent !! Ces deux caveaux existent toujours. Personne ne pensait à blâmer ce remède contre la folie, bien au contraire !
En juillet 1818, le maréchal de Castellane passa par Locminé et s’offusqua de telles pratiques qu’il qualifia de barbares. Il s’indigna auprès du marquis de Guer, préfet du Morbihan, qui était parfaitement informé de ce qui se passait à Locminé et qui lui répondit n’avoir jamais eu connaissance de sévices, ni contraintes brutales. Le maréchal de Castellane intervint alors auprès du ministre des cultes qui interdit au maire, Pierre CASSAC, de laisser enchainer les fous. Le maire « pour n’avoir pas, dit-il, la responsabilité devant Dieu de s’opposer lui-même à un moyen donné par le Tout-Puissant pour guérir ces infortunés », demanda au conseil de fabrique de remettre la clé des caveaux aux gendarmes. La population accueillit fort mal cette décision. Le sous-préfet de Pontivy venu s’assurer que la clé avait bien été remise aux gendarmes, fut couvert d’injures et de malédictions.
Malgré de nombreux travaux, aménagements et embellissements au 19ème siècle, l’ensemble de l’église Saint-Sauveur et de la chapelle Saint-Colomban était instable et se dégradait dangereusement, si bien qu’une étude fut commanditée en 1965 par Hervé Laudrin, abbé, député et maire de Locminé. Après l’effondrement d’une partie de la toiture, l’église fut fermée en 1971 et il fut question d’une destruction. Un compromis permit de conserver la façade des deux bâtiments collés l’un à l’autre, et derrière cette façade, se trouve désormais une vaste nef de béton et d’ardoise qui permet d’accueillir 800 personnes. Le tout est éclairé par des bandes obliques dont certaines ont reçu des vitraux à dominante bleue. C’est novateur et étonnant, mais cela a permis de conserver les façades anciennes et plusieurs éléments classés.
Il faut ajouter que parmi les vieilles statues du transept sud de la chapelle de Saint-Avé d’en bas, il y en a une de Saint Colomban, au pied de laquelle on conduisait autrefois les malades mentaux qu’on attachait à une chaîne scellée dans le mur, de même que dans l’enclos de la chapelle Saint Colomban de Saint Nolff, se trouve un lec’h surnommé « la pierre aux fous » car on y attachait les épileptiques et les fous en crise. Ceci établit que cette croyance était très répandue en Bretagne.
Sources : infoBRETAGNE.com
Nos dimanches patrimoines
Le Pays Vannetais : Michel de Mauny
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