B comme BARON DE BINAS



Dans un précédent article concernant trois générations de Barthélémy CHEVALIER, chirurgiens restaurateurs de corps humains à BINAS (Loir-et-Cher), article destiné au challenge de A à Z, j’avais promis d’évoquer les « curés-barons » de BINAS.



Il s’agit d’une affaire criminelle peu banale liée à l’église de BINAS.


Celle-ci est dédiée à Saint-Maurice [général romain, chef de la légion thébaine composée de soldats catholiques qui furent massacrés sur l’ordre de l’empereur Maximilien Hercule (fin du 3ème siècle) à Agaune dans le Valais Suisse (aujourd’hui Saint-Maurice) pour avoir refusé d’adorer les dieux romains].


Le culte de Saint-Maurice s’est peu répandu dans le Blésois : l’église de Binas est la seule du département du Loir-et-Cher à honorer ce saint.


L’église de Binas date du XVIème siècle, mais il est probable qu’un autre lieu de culte devait exister au XIIème siècle. A l’origine, elle avait une nef et un chevet plat (façade actuelle) couverts d’une charpente lambrissée. Le collatéral nord date de la fin du XVIème siècle, les murs s’appuyant sur les contreforts du clocher. Au XVIIème siècle, l’église reçut des voûtes de pierre.


Au XIXème siècle, elle fut complètement transformée. La porte se trouve maintenant là où se trouvait le chevet. Une abside polygonale fut construite à l’ouest et un bas-côté fut ajouté au sud.


Parmi le mobilier, on trouve notamment un confessionnal à double corps du XVIème siècle, rare dans une église rurale, qui s’explique par la présence de deux prêtres, un curé baron et un vicaire.


Eglise Saint-Maurice de BINAS

Après la présentation des lieux du crime, les faits :


Vers 1630, cela fait plus de 50 ans que les protestants, sans être majoritaires, sont nombreux dans la région, depuis Mer jusqu’à Marchenoir et leurs environs, dont Binas.


Les gentilhommes de ces localités, qui ont parfois eux-mêmes adopté la religion réformée, protègent les protestants, et leur influence encourage l’exaltation de certains fanatiques.


Isaac de Germancourt, Seigneur baron de Ménainville, seigneurie dépendant de Binas, était un partisan exalté de la religion réformée.


Un jour, alors que le curé célébrait la messe dans l’église de Binas, Isaac de Germancourt entra dans l’église avec son arquebuse et tua le curé devant tous les fidèles réunis. C’était sans doute pour se venger du zèle que le curé mettait pour déraciner « l’hérésie » dans sa paroisse que le Seigneur Baron de Ménainville décida de le tuer.


Le meurtrier, pris sur le fait, fut condamné à être écartelé, et la Seigneurie du Grand-Lude dépendante de la paroisse de Binas, lui fut confisquée et ajoutée aux biens de la Cure.


En outre, le Roi décora les curés de Binas du titre de Baron, et leur accorda le droit de faire garder les portes de l’église par deux dogues attachés, et même celui d’avoir, sur l’autel, pendant la messe, deux pistolets chargés.


Cette précaution extraordinaire était fondée sur la nécessité de prévenir les excès des réformateurs qui auraient voulu imiter le lâche attentat du Seigneur de Ménainville.


« Vu les charges & informations faites à la requefte de Monfieur le Procureur du Roy alencontre de Isaac de Germancourt, Seigneur de Menainville : IL EST DIT par délibération de confeil & jugement dernier, oüy sur ce le Procureur du Roy, Que ledit Isaac de Germancourt est déclaré dûment atteint et convaincu des crimes, blasphèmes & sacrilèges mentionnez au procès. Pour réparation, ledit Isaac de Germancourt fera conduit devant le portail de l’église de Binas, pour faire amende honorable. Ce fait y être écartelé par l’éxecuteur de Haute Justice. Tous & chacuns ses biens acquis & confisqués au Roy ».


Jusqu’à la révolution, les curés de Binas étaient appelés « curés barons ». L’histoire ne dit pas s’ils continuaient à garder les portes de l’église par deux dogues attachés et si, pendant la messe, ils avaient le droit d’avoir deux pistolets chargés sur l’autel !


Sources : fleros.chez.com

BINAS : communauté de communes des Terres du Val de Loire


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