B comme Broche en Argent

ou sordide méprise

Le maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun en 1916, est devenu le chef de l’État Français en 1940. C’est lui qui organise la Collaboration avec l’Allemagne nazie. Afin de s’attirer les bonnes grâces des français, il propose de distinguer les veuves de guerre qui remplissent deux conditions : avoir perdu un mari lors de la guerre 1914-1918 et avoir aussi perdu un fils en 1940.

Sa popularité réside étrangement sur sa capacité à avoir enrayé l’offensive allemande en 1916 à Verdun en envoyant à la mort des centaines de milliers de soldats français afin d’économiser l’artillerie que l’on réservait à la future offensive sur la Somme de la même année. Offensive qui se révélera particulièrement inefficace. C’est dans cette bataille de la Somme que sera tué Léger Marie MAZERY frère de mon grand-père.

Le maréchal Pétain propose donc en 1943 d’attribuer aux veuves de guerre remplissant les deux conditions évoquées ci-dessus une broche en argent à son effigie. On ne sait s’il charge les mairies de faire l’inventaire des bénéficiaires ou s’il demande aux services des Anciens Combattants de le réaliser. Toujours est-il que le journal l’Ouest-Eclair (ancêtre du journal Ouest-France) publie le 13 novembre 1943 une liste des bénéficiaires de cette broche pour la Loire-Inférieure (devenue depuis la Loire-Atlantique). On y trouve la veuve MAZERY habitant à la Ménardière à Orvault. Compte tenu de cette adresse, il ne peut s’agir que de ma grand-mère Anne-Marie ROBERT veuve de Louis Pierre Marie MAZERY décédé en 1939. Si elle est bien veuve et a bien perdu son fils à la guerre en 1940, elle n’est pas veuve de guerre. En effet, son défunt mari à bien fait la guerre 1914-1918 mais il en est revenu vivant. Il est décédé chez lui à la Ménardière à l’âge de 67 ans.

S’agit-il d’une méprise avec sa belle-sœur Marie Anne EON veuve de Léger Marie MAZERY frère de mon grand-père ? Marie Anne EON est bien veuve de guerre car son mari Léger Marie MAZERY est bien mort lors de l’offensive de la Somme en 1916. En revanche, aucun de ses enfants n’est mort lors de la guerre 1939-1945.

Donc, aucune des deux belles-sœurs ne remplissait les conditions pour percevoir cette broche en argent. Pourtant, selon le journal Ouest-Eclair, les noms cités seraient ceux des veuves s’étant déplacées à la préfecture de Nantes pour recevoir cette distinction le jeudi 11 novembre 1943 !

On ne sait pas si cette distinction honorifique à été réellement remise à l’une ou à l’autre et en particulier à ma grand-mère citée par le journal . Nul ne se souvient dans la famille d’avoir vu cette broche en argent. C’est peut-être mieux ainsi, le malheur ne peut justifier une telle glorification guerre la part de ceux qui ont contribué à le réaliser !

Parenté entre les deux veuves MAZERY


Extrait du journal Ouest-Eclair du 13/11/1943

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L’évocation de cette sordide méprise fondée sur les ravages de la guerre dans ma famille proche concernée par la guerre, achève la triste relation de cette période relative à Seconde Guerre Mondiale que chacun voudrait considérer comme étant la dernière mais la folie des hommes en décidera autrement !

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