N comme Nourrice bretonne

Une enfance au pays Léon

Le temps passant on a oublié le nom de famille de Marguerite qui faisait partie de la famille à une époque. Bretonne du pays Léon dans le Finistère elle était emblématique pour la famille et mon sosa 2 particulier : Simone Harrault née le 9 aout 1916 qui m'en a souvent parlée avec affection.

Mes grand-parents maternels ont fuit la capitale. En 1916 le soldat Maurice Harrault est démobilisé par la commission de réforme de Brest qui siège à Morlaix . La raison est médicale , un emphysème entraînant des bronchites chroniques l'affaiblisse en permanence. De plus il est plus tard diagnostiqué porteur de « la maladie bleue » Paris subit les bombardements par les Zeppelin et les attaques aériennes par les avions Colombes  . Les civils sont visés et les églises en particulier au moment des offices .

 


Archives de Paris

Le soldat Harrault après une période d'affectation à l'arrière à des postes d'auxiliaire dans l'infanterie au 72ème régiment s'avérera vite incapable d'assumer des fonctions plus exposées. Il aura de la chirurgie cardiaque quelques années plus tard.

Mais cette époque on la tait, car les soldats ne racontent pas leur vécu on préfère le mutisme. J'ai souvent insisté auprès de mon grand-père pour avoir des informations, en vain. Il se fermait, s'affaissait légèrement et se taisait pour un long moment.



Voir à gauche de la photo l'élégance des deux femmes et du porte-drapeau.

Ma grand-mère Lucie trouve un emploi à la manufacture comme ouvrière puis employée de bureau. Mon grand-père malade se soigne . Lorsque leur fille naît, ils confient Simone, bébé à Marguerite, nourrice sèche c'est-à-dire qu'elle n'allaite pas. Les recensements entre 1911 et 1916 n'existant pas sur Paris, ni à Morlaix Aucun moyen de vérifier si Marguerite vivait avec eux à leur domicile.


Mais Marguerite prenait sa place dans la famille, mon sosa 2 prononce ses premiers mots en breton qui est parlé à Morlaix. Marguerite introduit le beurre salé à la table des grands-parents et quelques autres spécialités bretonnes ! Elle est pieuse, va à la messe , revêt à cette occasion sa coiffe de dentelle et ses habits de fête dont la photo ci-dessus donne un aperçu. On


 

Aperçu des vêtements au marché de Morlaix

La ville de Morlaix est une sous-préfecture , son nom breton est Montroulez. La manufacture de tabac emploie 1700 personnes en 1880. Au recensement de 1911 la rubrique métier comptent de nombreuses «  cigarières ». En 1995 la SEITA ferme l'usine suite à un incendie.

Morlaix est prospère et en 1867 le viaduc est achevé . Le chemin de fer Brest-Paris met la capitale à portée des bretons et des morlaisiens en particulier.

La situation de Morlaix permet aussi de développer les activités liées à la mer : transports de marchandises, conserveries. Cependant l'industrialisation , les salaires élevés de Paris, de nouvelles opportunités attirent les bretons à la capitale. Ils se regroupent autour du 14ème arrondissement formant des communautés où ils s'intègrent en tant que « cousins à la mode de Bretagne » les liens de parenté ne sont pas clairement établis mais il leur suffit d'être de la même commune ,village ou canton pour s'estimer parents.





 A la fin de la guerre la famille retourne à Paris rue d'Albouy dans le 10 me arrondissement.

En 1926 le recensement enregistre le chef de famille Maurice, sa femme Lucie, leurs fille Simone et la mère de Lucie, Amélie Brousset ainsi qu'une employée polonaise Maria.

La guerre terminée il faut relancer l'activité. Mon grand-père s'occupe de la partie mécanique , des employés et des clients. Ma grand-mère assure la tenue des comptes et des factures, sans être déclarée ce qui était souvent le cas pour les femmes de commerçants, artisans .

Ils deviennent propriétaires en 1929 d'un appartement au-dessus du garage dont l'activité se développe jusqu'au coup d'arrêt de la seconde guerre mondiale. Là, Paris sera occupé et Simone âgée de vingt trois ans traumatisée par la guerre cauchemardera encore des décades plus tard . Les images des atrocités ne s'effaceront pas. Les cris des enfants déportés, elle ne les oubliera jamais.

L'histoire personnelle renvoie à l'histoire collective : l'enfant protégée durant la première guerre à Morlaix, a dû affronter jusqu'en 1945 l'occupation à Paris par les allemands omniprésents. Les parisiens souffraient comme l'ensemble des français. Après la guerre, une autre époque s'annonçait.

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