K comme KLEIN / KELECSENYI :

Quand la grande histoire fait disparaitre

100% de l’ascendance du Sosa 2.

Elek KLEIN (SOSA 2) était un homme d’affaires né, en Hongrie, le 6 juin 1890 soit à Debrecen soit à Szatmar. Il était officier pendant la première guerre mondiale et honoré « héros de guerre ».

C’était un Juif ashkénaze, membre d’une fratrie de six enfants nés entre 1889 et 1895. Trois d’entre eux sont décédés au début des années quarante, deux autres ont immigré sur le continent américain via le Canada après la seconde guerre mondiale. Seul Elek est resté en Hongrie et y est décédé en 1952. Il s’était marié vers 1915 avec Hannah Lederer et devint père de trois enfants.

Pour comprendre le parcours du SOSA 1, il faut savoir que le judaïsme hongrois avait la particularité d’être fortement scindé entre une partie fermement orthodoxe et une autre partie plus éloignée de la religion, ne parlant pas forcément le yiddish fréquentant des milieux chrétiens tout en recevant des cours d’hébreu.

Dès 1933, l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne et l’antisémitisme ambiant avaient fait comprendre à Elek KLEIN qu’il devait protéger sa famille.

Son entregent et sa proximité avec les hauts lieux du pouvoir politique en sa qualité de héros de guerre lui permirent de changer de patronyme sans que l’on sache aujourd’hui comment. A partir de 1933, alors que tous ses frères et sœurs continuent à s’appeler KLEIN, Elek lui, ainsi que ses enfants, portèrent, désormais, le nom patronymique de KELECSENYI et reçoivent un enseignement catholique ou protestant en complément de leur éducation juive.

Notre SOSA 1, né sous le nom de Samuel KLEIN devient, ainsi, Istvan KELECSENYI vers l’âge de trois ans et ses sœurs auront pour prénom Liliane et Eva.

A partir de mars 1944, les croix fléchées (parti pro-nazis) soutenues par Hitler prennent le pouvoir et organisent des déportations massives de Juifs habitant les campagnes hongroises. Entre le 15 mai et le 9 juillet 1944, 434.000 Juifs sont déportés essentiellement à Auschwitz et pour la plupart gazés dès leur arrivée. Ce n’est que dans un second temps que les déportations ont concerné les 200.000 Juifs habitant Budapest.

Le diplomate suédois Raoul Wallenberg mit en place une organisation destinée à distribuer des certificats de protection suédois aux Juifs de Budapest. La sœur d’Istvan, Eva, faisait partie de son réseau. Des milliers de Juifs hongrois furent sauvés grâce à l’action de ce réseau.

Après la guerre, Raoul Wallenberg fut arrêté par les Russes, emprisonné à Moscou où il mourut probablement dès 1947. Le secret de sa mort n’a jamais été levé. Eva passa une partie de sa vie à essayer de percer le mystère de sa disparition. Elle fut également arrêtée et torturée en Hongrie par la police politique de la Hongrie communiste puis elle réussit à franchir le rideau de fer en 1956 pour rejoindre la France.

Istvan KELECSENYI (SOSA 1) fit des études brillantes. Le hongrois étant une langue difficile les cours étaient dispensés en allemand et en Français. Les élèves parlaient donc le hongrois dans leur vie quotidienne, l’allemand et le français à l’école.

En janvier 1948, il partit pour Paris avant la fermeture définitive de la frontière entre l’est et l’ouest. Diplômé l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, il passa sa thèse de chimie dans le laboratoire du Professeur CHAMPETIER, membre de l’Institut, et devint un chercheur renommé.

Il profita de l’occasion de son arrivée à Paris pour se faire prénommer Erik…Il changera une troisième fois de nom patronymique en 1957 à l’occasion de sa naturalisation. Ce qui le conduira à déclarer un jour, sans rire qu’il n’est pas attaché aux noms de famille…

Son père lui fit jurer que sous aucun prétexte (supplique, lettre, téléphone même de sa part) il ne devait revenir en Hongrie.

Istvan KELECSENYI (SOSA 1) estima que l’antisémitisme et les massacres auxquels il avait assisté pouvaient se reproduire. Il ne déclara jamais qu’il était juif, même à ses propres enfants. Ce fut un de ses nombreux secrets !

Mais en taisant sa judéité, il tut également toute sa parenté. Même les dates de naissance, mariage et décès de sa mère sont inconnus.

Malgré toutes nos démarches nous ne parvenons pas à nous procurer son acte de naissance. Nous ignorons par quels détours Elek est parvenu à changer son nom patronymique, ce qui n’aide pas les recherches. Le dossier de naturalisation Istvan KELECSENYI (SOSA 1) est un vrai poème…

La lettre K illustre

Les conséquences des ruptures volontaires d’un nom patronymique ;

La difficulté d’effectuer des recherches dans une langue qui nous est inconnue ;

La destruction des archives religieuses juives

La destruction et la falsification d’une grande partie des sources écrites à la suite de la seconde guerre mondiale et de la présence soviétique ;

Les conséquences de l’extrême jeunesse de l’état civil hongrois. L’obligation de déclarer une naissance en Hongrie ne débute qu’en 1895…

Les rejaillissements du poids d’un secret familial ;

En contact avec de nombreux descendants de rescapés de l’holocauste vivant désormais aux quatre coins de monde mais surtout aux Etats-Unis et en Israël, tous nous disent s’être heurtés au mutisme ou à l’ignorance de leurs parents. Leur arbre s’arrête à leurs grands-parents.

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